Nicaragua

             Le Nicaragua en bref:

Superficie: 130 000 km2

Population: 5 180 000 habitants

Capitale: Managua

Langue: espagnol

Monnaie: cordoba (C$)

 

     Nous passerons par l'ouest du grand lac Managua.

San Juan del Sur et l'île Ometepe

1er décembre


L'entrée dans notre 9ème pays aura été un vrai poème, il a fallu 3 heures pour sortir du Costa Rica et surtout entrer au Nicaragua. A la sortie du secteur frontalier, il nous manquait encore un tampon et nous avions été délestés de quelques dollars supplémentaires pour la fumigation folklorique, les impôts municipaux et d'état, l'assurance … Enfin, un douanier costaricain nous a chanté la Marseillaise avec les paroles et nous avons rencontré vite fait deux couples de Français qui allaient comme nous vers le Nord, mais qui semblaient pressés et qui n'avaient pas dû fréquenter les mêmes endroits que nous car ils étaient tout blancs.

LeNICARAGUA est le plus grand pays d'Amérique Centrale, à peu près la surface de l'Angleterre. Au Nord, il touche au Honduras et au Salvador dont il partage le drapeau à qq nuances près, au Sud au Costa Rica. A l'Ouest, l'Océan Pacifique, à l'Est, la mer des Caraïbes.

Des 3 zones géographiques (à l'est les basses terres tropicales baignées par la mer des Caraïbes, au centre, les hautes terres montagneuses), nous n'explorerons que la côte pacifique traversée par une cordillère volcanique ( le Nicaragua compte 58 volcans dont 6 encore actifs et potentiellement destructeurs) .

Le Lago Nicaragua avec son voisin, le Lago Managua, couvre 10% de la superficie du pays ; long de 160 km et large de 72 km, c'est le plus grand lac d'eau douce d'Amérique Centrale. Un projet de creusement d'un canal est en passe de voir le jour, puisque le début des travaux est prévu pour la fin de ce mois, maîtres d'oeuvre les Chinois . Il reliera les deux océans par le sud du pays plus étroit et parcourra le lac, avec les dégâts écologiques prévisibles et un grand bénéfice économique pour ce pays pauvre ( il faut l'espérer, certains vont s'en mettre plein les poches, sans doute) . C'est à peu près le tracé suivi par la route transcontinentale qui transitait par le pays et imaginée vers 1850 par les Américains du Nord pour relier New York à la Californie au moment de la Ruée vers l'or, quand le train n'avait pas encore remplacé les pistes difficiles et dangereuses d'Est en Ouest.

Quant à l'histoire du Nicaragua, je ne me risquerai pas à la rappeler en quelques lignes seulement : elle est très agitée, marquée jusqu'à une époque très récente par des guerres civiles, des aventuriers, des dictatures, des ingérences américaines et anglaises ; les noms de William Walker, de Sandino, de Somoza, des contras, d'Ortega sont parvenus jusqu'à nous ; Internet répondra aux questions que peuvent se poser quelques-uns d'entre vous.


Nous arrivons en saison sèche( décembre à mai), la pluie du Panama et du Costa Rica a cessé, il fait chaud mais supportable. Sur cette côte pacifique, c'est un climat tropical sec.

Un vent soutenu balaie la poussière et agite les eaux marron du lac Nicaragua que nous longeons longtemps. Les éoliennes sont à l'oeuvre. La route est bonne, pas trop fréquentée, bordée d'une plate-forme herbeuse tondue et plantée d'arbres , le trafic est parfois ralenti par des charrettes tirées par des chevaux ou des vélo-taxis. La police fait des contrôles sur la route, mais ne nous arrête pas. Le GO est à 1$, soit moins d'un euro. Dans les villes et villages, des pick-up chargés de fruits et légumes font leur pub par haut-parleurs. Dans les supermercados , on trouve les mêmes produits qu'au Costa Rica ( il y a longtemps que nous ne consommons plus que du pain de mie et des biscottes : vivement le retour!) les maisons sont basses, à toit de tôle, animées de couleurs très vives et fleuries : c'est moins luxueux que le Costa Rica, mais pas misérable et plus sympathique à 1ère vue.


Notre 1er arrêt sera àSan Juan Del Sur, paisible cité balnéaire du Pacifique, rendez-vous des jeunes surfeurs américains . Nous y mangeons nos 1ers « tacos » mexicains, faisons laver et sécher notre linge et nous faisons cingler les jambes par les tourbillons de sable en nous promenant sur la plage. On se prépare pour la fête de l'Immaculée Conception  , le 8 décembre, en décorant la ville de guirlandes, de crèches (sans Jésus), d'oratoires décorés de blanc et de bleu ; à cela se mêle les préparatifs pour Noël en ville et chez les particuliers qui, pour certains décorent leur maison comme chez nous. C'est assez surprenant sous ces latitudes.

Deuxième étape : l' île d'Ometepe, au milieu du Lago. On prend un ferry (seulement 4 à 5 véhicules sur réservation ; mais nous avons la chance de pouvoir passer sans cela ; 75 $ A/R pour 2 ( la plus grosse part pour la voiture) 1h à 1h1/2 de traversée agitée suivant le vent.

Ometepe est composée de 2 volcans, le Concepcion et le Maderas, reliés par un isthme étroit . Deux petites villes, Moyogalpa et Alta Gracia, d'étroites plages de sable gris , une réserve naturelle privée Charco Verde, sur le parking de laquelle nous passons la nuit, un secteur touristique un peu surfait et coupé de la population à Santo Domingo où sont hébergés les voyageurs sac au dos (ils se déplacent sur l'île à pied, à vélo, en scooter, à cheval), les habitants agriculteurs ou vivant du tourisme ont construit leurs maisons au bord de la route pavée et dans l'ombre de la végétation, le bétail qu'on rentre le soir paisiblement par la route, tout cela crée une ambiance particulière et paisible. Il faudrait un 4x4 à toute épreuve pour parcourir les pistes qui font le tour des volcans, mais nous n'avons pas voulu faire prendre de risques à notre suspension enfin réparée.


Granada


Du pain français, un fromage de chèvre et une sorte de Munster : Granada, pour nous, c'est Byzance !!!


Accessoirement, c'est aussi une charmante ville coloniale restaurée, au bord du lac Nicaragua, la première jolie cité que nous rencontrons depuis longtemps.Elle eut à souffrir du passage du pirate anglais,Henry Morgan, de l'occupation d'un aventurier américain impitoyable, William Walker, qui l'incendia. A quatre reprises détruite par des pirates et des mercenaires, elle fut chaque fois reconstruite. C'est aujourd'hui, et à juste titre, la capitale du tourisme au Nicaragua.


Nous y avons passé deux nuits, la 1ère en plein centre, près du Parque Central, le long de la cathédrale. Mais, c'était une semaine de fête religieuse, pour l'Immaculée Conception : des processions tournent toutes les nuits de quartier en quartier ; or, qui dit fête dit pétards en Amérique centrale comme dans bien d'autres pays : nous étions aux 1ères loges. Nuit très agitée donc, et courte , puisque le soleil se lève toujours vers 5h1/2 et que les pétards avaient repris à l'aube.


Pour la 2ème nuit, nous avons émigré sur le terrain de la Croix Rouge, situé plus loin sur l'avenue piétonne qui descend du Parque Central vers le lac : las ! La fête aussi avait migré et pile poil en face de notre refuge ! Toute la ville a défilé en famille, en un cortège bon enfant, vers un podium où un orchestre et des chanteurs déversaient des chants en l'honneur de Marie, sur des rythmes latinos ; grâce aux méga haut-parleurs, nous n'avons rien manqué non plus du sermon ! Petits commerces ambulants avec sonnettes, terrasses des restaurants bondées, pétards … Bref, encore une nuit paisible !


Les Pueblos Blancos de la région de Masaya

Ces villages ne sont blancs que de nom, car nous y avons vu beaucoup de couleurs au contraire ( au Nica, en effet, on adore les couleurs qui se heurtent, du rose, du vert pistache, du bleu, du jaune soleil …)

Chaque village a sa curiosité : à San Juan del Oriente, c'est la poterie ( pas trop à notre goût), chez le voisin on fabrique des hamacs ou des meubles. Dans tel autre, ce sont les horticulteurs qui se succèdent. A Niquinohomo, on est fier d'être le village d'origine de Sandino qui a marqué l'histoire de son pays par son combat contre les Conservateurs . Et à Catarina, un mirador haut perché permet d'admirer le superbe lac de cratère rond, enchassé dans la verdure, le lago Apoyo.


Le volcan Masaya

Les 36° qui régnaient dans la ville de Masaya nous ont un peu ralentis et nous nous sommes contentés d'y manger « mexicain » : des « burritos » de bonne taille ( crêpes farcies à la viande), on aurait préféré une salade revigorante par cette température !

Nous sommes allés nous réchauffer un peu plus auVolcan Masaya, très facile d'accès : on arrive au bord du cratère Santiago, encore en activité, avec la voiture. Du cratère béant, profond de 280 m, s'échappent des nuages de gaz toxiques : il est recommandé de ne pas s'attarder plus de 5 minutes au bord.

Nous avons pu faire une petite balade autour d'un second cratère qui ne fumait pas, pour avoir ainsi une vue plongeante sur le cratère principal.

Nuit très reposante sur le parking herbu du centre des visiteurs où nous avons parlé … des Pyramides avec un Egyptien qui vit aux USA . C'est fou le nombre de gens qui viennent bavarder avec nous, contrairement au Costa Rica voisin.

Nous entamons maintenat la dernière partie de notre voyage au Nicaragua : le climat bien plus sec et chaud, la végétation et les paysages ont bien changé , plus de végétation exubérante ici .


Managua


                                                           7 décembre


Nous n'avons passé que quelques heures dans Managua, choisie en 1852 de manière définitive comme capitale du Nicaragua, de préférence à Granada, la « conservatrice » et à Leon, « la libérale », les deux sœurs ennemies.

Elle fut ruinée par les tremblements de terre de 1931 et 1972, eut à souffrir de la dictature de Somoza après l'avoir soutenue, de la Révolution de 1978, mais aujourd'hui, outre le nouveau centre moderne, elle offre un centre historique remanié, aéré, autour de l'immense cathédrale, toute grise et menaçant de s'écrouler depuis le cataclysme de 1972 et qui n'a jamais été reconstruite.

La Place de la Révolution est bordée de l'Assemblée Nationale, du monument aux héros de la révolution sandiniste et de celui dédié à Ruben Dario, le grand poète national.

Le jour de notre visite, des ouvriers et des engins s'affairaient à la décoration de la place, du kiosque à musique du jardin voisin, pour le 8 décembre et Noël. C'est d'ailleurs ce qui nous a le plus frappé en arrivant au centre historique : la vaste avenue Bolivar qui y conduit était entièrement bordée d'arbres stylisés jaunes( car ici on ne craint pas le choc des couleurs) et de reposoirs avec maquettes d'églises, statues de la Vierge, produits typiques du pays...Cette fête du 8 décembre revêt un caractère et une importance étonnants. Les enfants sont en congé pendant près de 8 jours.

Les quartiers pauvres sont tout près , nous n'avons fait que les traverser, à peine effleurés, et nous en avons conclu que tout le monde n'a pas encore profité du renouveau de la ville. Il y aurait sans doute aussi beaucoup à dire sur la corruption des politiques anciens (et présents ? ) ; mais nous ne connaissons pas assez le pays pour en dire plus.



Leon

         7 et 8 décembre ( Ennuis techniques d'affichage: mes excuses)

En matière de pétards et autres feux d'artifice, nous n'avions pas encore tout vu.

Leon, grosse ville de 200 000 habitants, un des plus grands centres du pays, fête bruyamment « la Purisima » le 7 et le 8 décembre, et nous étions au cœur de l'action, garés pour la nuit près de l'Eglise du Calvaire, au bord d'un petit square, au pied des marches de l'église et en plein centre.

Pour commencer : 37° , un four ! Mais, vaillamment, coiffés de nos casquettes, nous sommes partis à la découverte de la ville, de ses magnifiques églises restaurées des 17ème et 18ème siècle, de ses rues bouillonnantes de vie, de ses commerces : on se croirait dans une ville arabe ( pas de vitrines, toute la marchandise au ras du trottoir, des cris , la foule qui déambule dans les rues étroites et encombrées sur des trottoirs déglingués. Ce n'est pas une ville aussi bien « léchée » que Granada, mais elle nous a beaucoup plu car ce n'est pas un musée de plein air.

Dans le quartier de la cathédrale, on trouve encore quelques « murales », des fresques qui illustrent l'Histoire du pays, notamment celle qui représente Sandino debout, bardé de symboles , écrasant d'un pied martial un Oncle Sam aux allures de chien et sur la seconde, la tête du dictateur Somoza, reconnaissable à ses lunettes carrées. D'autres murales véhiculent aussi un message nettement anti-américain , donnent des conseils éducatifs ou sanitaires. C'est un outil d'expression politique et artistique qui date de l'époque sandiniste.

Le soir, outre des danses de poupées géantes sur la Place Centrale, des centaines d'habitants de Leon défilent en procession dans les rues, de maison en maison, se recueillant au chant de l'Ave Maria, devant des autels dédiés à la Vierge qui ont été érigés à la porte des églises ou chez des particuliers ( qui en remerciement leur remettent de petits cadeaux, des bonbons)

La fête de la Purisima s'est terminée avec vigueur par des tirs de pétards et de feux d'artifice pendant 4 heures !!! Sur le toit du camping-car , ça crépitait et la fumée avait envahi la cellule. En attendant les derniers soubresauts de la fiesta, nous avons siroté un verre de rhum avec Aurélie et Colin, deux voyageurs français en cellule sur Dodge achetée au Québec et qui sont nos voisins drômois, de Crozes-Hermitage . Il y avait aussi un couple d'Allemands qui, d'Anchorage, vont à la pédale jusqu'en Patagonie ! Ce jour-là fut un jour de rencontres, puisque nous avons bavardé avec un jeune routard français de Perpignan qui se déplace en bus et un rédacteur de guide de voyage (l'excellent Québécois « Ulysse « ) déjà croisé sur le ferry de l'Isla Ometepe. Ces rencontres font du bien.


Derniers jours au Nicaragua

Après la chaîne des volcans, notre traversée du Nicaragua s'achève avec la région d'Estelí, plus montagneuse et avec un climat moins chaud, bien plus agréable: on respire!

Nous avons fait une halte de 2 jours au Club Campestre d'Estelí, dont nous avions les points GPS ( faux d'ailleurs): c'est une sorte de club privé dans un parc avec une piscine, des toilettes, une douche et l'électricité . Nous y étions seuls. Quel bonheur de ne pas entendre de pétards, de ne pas suer et de dormir enfin sous la couette! ça finit par être fatigant, la vie nomade , sous la canicule jour et nuit et sans le réconfort des commodités d'un terrain de camping pour recharger ses batteries !

Nous avons bien aimé le Nicaragua où il y aurait encore beaucoup à voir, les routes y sont bonnes, spécialement celle qui conduit au Honduras par Ocotal, c'est un pays sympathique et varié, bien vivant et moins américanisé que le Costa Rica voisin .